Différents questionnements guident les projets en cours sur ce site :
- alors que, régulièrement, lors du XXème siècle, les manifestations ouvrières à Mantes rassemblaient des milliers de personnes (cf. Le Mouvement ouvrier dans le Mantois, de Roger Colombier), les protestations de rue de ces dernières années (depuis, en gros, les GJ), ne réunissent, au mieux, que quelques centaines de participants. Comment l’expliquer, alors même que la population s’est développée ? S’agit-il d’un recul de la syndicalisation, de son éclatement, de l’organisation de la classe ouvrière ? De la désindustrialisation ? De l’absence d’un milieu étudiant local ? D’une attraction croissante de la capitale, à une heure de train ?
- que s’est-il passé en 1991 dans le Mantois, pour que deux segments du prolétariat alors en lutte, « les jeunes de banlieue » et « les profs », pour faire bref (nous laisserons de côté le débat de l’appartenance des enseignants à la classe ouvrière), se manifestent une indifférence voire une hostilité si franche dans un premier temps, au printemps, lors de la révolte qui a suivi les assassinats policiers d’Aïssa Ihich et de Youssef Khaïf, puis, dans un second temps, à l’hiver, dans les revendications satisfaites des grévistes de l’éducation, appelant – entre autres – à un renforcement du contrôle policier des habitants du Val Fourré ?
- quelle filiation, ou absence de filiation, entre des générations d’habitants de la région succesives, qui se manifestent par des luttes et des moyens de lutte différents : luttes ouvrières de l’automobile des années 70-80, luttes de l’immigration et des banlieues des années 90-2000, recul apparent relatif des luttes dans les années 2010-2020 ? Y a-t-il eu une transmission ou non, de l’héritage de lutte des générations précédentes ?
- comment dépasser les identités qui ont séparé et séparent toujours les personnes en lutte dans la région, chacune sur un secteur différent, avec peu de perméabilité (GJ, luttes syndicales, antifascisme, luttes contre les prisons, luttes de territoire, luttes féministes…) pour reconstruire une solidarité de classe et une combativité à même de reprendre l’offensive ?
C’est pour tenter d’apporter des pistes de réponse à ces questions que les projets en cours sur ce site sont les suivants :
- une analyse des dernières luttes d’ampleur de la région : GJ, mouvements contre les réformes des retraites… ;
- des collectes d’informations et d’archives sur des luttes plus ou moins récentes, dans l’optique d’une analyse ultérieure : campagne après l’assassinat de Youssef, Aïssa, Jawad (1991-2001), grève de l’éducation de 1991, mouvements sociaux de 1995, 2003, 2010, 2016, luttes antifascistes (SCALP, ras l’front, contre la mairie FN de Mantes-la-Ville…), luttes contre l’extension des carrières dans le Vexin et contre une piste de F1 à Flins, lutte contre l’installation de la prison pour mineurs à Porcheville, luttes ouvrières à la centrale électrique de Porcheville… ;
- à plus long terme, l’analyse des mutations ouvrières de la région, à partir de différentes sources (le Balai Social, le Mouvement ouvrier dans le Mantois et le site de Roger Colombier, les luttes, déjà très documentées, autour de l’usine Renault de Flins…).
De nombreuses choses sont certainement manquantes dans les questionnements et projets ci-dessus, c’est donc une bouteille à la mer et un appel à contributions qui sont lancés ici. Pour toute discussion, collecte d’archives, textes… : nous contacter à : danslouest [at] riseup.net