Cette chronologie des événements du mouvement local des GJ est certainement incomplète. Nous remercions les camarades qui l’ont relue et y ont apporté des ajouts, et nous invitons les personnes qui auraient des informations à y ajouter à nous contacter. Une chronologie détaillée du mouvement à l’échelle nationale est disponible ici, et des témoignages sur le mouvement local des GJ sont disponibles ici et là.
Les photos qui sont postées sont reprises de la presse internet, qui n’a, bien entendu, pas pris soin de flouter les visages des participants.
2018
17 novembre : suite à un appel facebook, les GJ (300 sur les 600 du groupe Messenger d’après la presse) se retrouvent sur le péage de Buchelay pour ouvrir les barrières pour faire passer gratuitement les automobilistes. Une partie des manifestants organise une opération escargot sur l’autoroute vers Flins, peut être les mêmes qui en étaient partis le matin pour rejoindre Buchelay. La présence au péage continue pendant 2 semaines jusqu’à ce que la police en empêche trop régulièrement les GJ. Toutefois, le péage sera occupé presque quotidiennement entre novembre et janvier. La perte totale sur cette période est estimée à 800 000 € pour la Société des autoroutes Paris-Normandie (SAPN). Le rassemblement quotidien a lieu sur le parking du Auchan de Buchelay. La presse locale désigne immédiatement les administrateurs des groupes sur les réseaux sociaux comme les « meneurs » : «Quentin, 20 ans, intérimaire chez Renault, et Ghislain, 40 ans, vendeur dans un grand magasin de bricolage»
18 novembre : rebelote sur le péage de Buchelay. 25 km de bouchon dans le sens Normandie-Paris, et la sortie de Bonnières fermée. Une centaine de GJ présents, d’après 78actu
19 et 20 novembre : filtrage des camions et péage gratuit pour les automobilistes. Les automobilistes qui ne klaxonnent pas en soutien ou ne sortent pas de gilet jaune restent bloqués plus longtemps. La presse fait état de la mansuétude (temporaire) des forces de l’ordre, qui se préoccupent de faire respecter « le droit de manifester », mais qui demandent tout de même aux GJ de lever le barrage filtrant dans l’après-midi du 20. Le durcissement du mouvement à partir du lendemain montrera une autre réalité du pouvoir. Le 20, également, bref blocage d’une station service à Limay

21 novembre : de nouveau péage gratuit. Le soir, blocage des camions qui livrent Renault Flins, feu de palettes. Plusieurs interpellations. D’après 78actu « Au terme d’une bonne heure de garde à vue, tous les gilets sont remis en liberté avec convocation au commissariat des Mureaux, ce vendredi, pour « dégradation volontaire en réunion. ». En soirée, retour au péage de Buchelay

jeudi 22 novembre : dans un article de Révolution Permanente, on peut lire : « des ouvriers de Flins appellent à les rejoindre ce vendredi matin, pour une opération de blocage sur le rond-point proche de l’usine. Leurs revendications incluent et élargissent celles des gilets jaunes voisins : « Contre la hausse des prix : pour la hausse des salaires et pensions, bloquons le rond-point de Carrefour Flins ce vendredi 23 novembre à partir de 9 heures », peut-on lire sur un tract sans étiquette, distribué ici et là ». L’article évoque également que des cheminots, syndiqués ou non, sont venus rencontrer les GJ pour tenter de faire des liens, suscitant des discussions animées
jeudi 29 novembre : blocage de Renault Flins et après négociation du départ avec les flics (plusieurs cars de CRS), opération gratuité péage à Buchelay
vendredi 30 novembre : brefs blocages de Carrefour Limay et du port autonome de Limay-Porcheville, et de nouveau opération péage gratuit à Buchelay
samedi 1er décembre : entre 100 et 200 GJ sur le péage de Buchelay, et filtrage des ronds points d’accès au centre commercial. La fanfare de Nézel les rejoint.

Le même jour, l’humoriste Dieudonné, habitant à la frontière entre les Yvelines et l’Eure-et-Loir, rend visite aux GJ sur le péage de Buchelay. D’après Le Parisien, il «a enfilé son gilet et pris des photos avec les militants présents sur place… et même des policiers.» La CGT des Yvelines, dans un communiqué daté du 4 décembre, dénonce « La présence du propagandiste antisémite» et considère que «Cette présence n’a pas fait l’unanimité, sans pour autant conduire à une réelle clarification dans le groupe Facebook Gilets Jaunes Mantes 78 ».
dimanche 2 décembre : 200 GJ sont de nouveau sur le péage et filtrent les accès au centre commercial. Lors de la tentative d’expulsion du péage par les flics, échanges d’oeufs contre des gaz lacrymogènes. 5 GJ en garde-à-vue puis relâchés
6 décembre : à l’occasion d’un mouvement lycéen de blocages des lycées contre les dernières mesures de sélection au bac (Parcoursup), et après plusieurs jours d’affrontements avec la police aux abords des deux lycées de Mantes-la-Jolie (St Exupéry et Rostand) 152 lycéens sont arrêtés, mis à genoux pendant plusieurs heures les mains sur la tête, dans le froid et la pluie, dans une friche proche des lycées, proche des locaux des Restos du Coeur. Une chronologie plus détaillée liée à cette lutte et à la répression fera l’objet d’un autre post
mercredi 12 décembre : manifestation de soutien aux lycéens interpellés le 6 décembre, organisée par les familles des élèves interpellés à Mantes la Jolie, soutenue par les unions départementales des Yvelines CGT-FSU-SOLIDAIRES, avec la FNEC FP FO 78 et l’UNEF, de la dalle du Val Fourré à l’Agora. Des témoignages de famille et de lycéens permettront de médiatiser les sévices qu’ils ont subi. Les GJ du Mantois ne sont pas présents en tant que tels

14 décembre : installation du camp sur le rond point du port autonome de Limay. D’après la presse, environ 80 personnes s’y relaient 24h/24

16 décembre : manifestation d’une centaine de GJ dans le centre-veille de Mantes-la-Jolie, d’après la presse. Le maire a demandé aux manifestants d’éviter le centre-ville pour ne pas pénaliser les commerces, raté
17 décembre : un incident a lieu la nuit sur le rond point. La presse le relate, mais dramatise certainement les événements
18 décembre : le rond-point est évacué pendant l’après-midi par les occupants eux-mêmes, qui ont appris la menace d’évacuation par les flics (qui arriveront après), après avoir mis le feu à des palettes et pneus. Une partie des GJ reste sur un terrain à Bonnières et les groupes se rejoignent sur des opérations communes. En attendant de trouver un autre endroit, beaucoup participent aux manifestations chaque samedi à Paris ou en Normandie


fin décembre : le maire de Méricourt prête une salle aux GJ certains lundis soirs pour se réunir. Des ateliers réguliers autour du RIC y seront organisés toutes les 3 semaines. Il y aura également de l’éducation populaire autour de la constitution, son histoire, son utilité et son avenir, des banderoles, des tracts et des repas
22 décembre : un des lycéens ayant participé à la protestation contre Parcoursup et ayant été interpellé le 6 décembre à Mantes est condamné à «un an de prison, dont six mois avec sursis, par le tribunal correctionnel de Versailles et incarcéré à l’issue de l’audience». L’article de 78actu rapport qu’il a été identifié par la vidéosurveillance, des photos prises par les policiers, et ensuite balancé par le proviseure du bahut St Exupéry
2019
dimanche 6 janvier : installation, à plus de 50, du nouveau camp en bas du rond point d’Épône, à l’entrée de la ZI, et opération filtrages de la ZI. D’autres nouveaux GJ rejoignent le mouvement. Quelques actions dans cette période : tractages, affiches, visites à Renault Flins, manif dans Carrefour Flins, quelques péages gratuits, opérations escargots, débats, rencontres conviviales autour des braséros, goûters. Mais aussi des AG et des groupes de travail, notamment sur le RIC


26 janvier : manifestation «pacifique» entre Poissy et Saint Germain en Laye. Non seulement la manifestation ne gêne que très peu la circulation, mais elle fait un aller-retour humiliant en forêt. Les manifestants ont beau crier «Les arbres avec nous !» pour rigoler, cela reste une humiliation de la part de la préfecture d’avoir imposé ce trajet aux manifestants. Visiblement la tendance GJ ayant déposé ce trajet, petite-bourgeoise, citoyenne et « respectable » cherche à se distinguer des fractions les plus radicales, qui n’étaient que peu représentées dans cette petite manifestation de 100 personnes. Des syndicalistes de Solidaires sont présents et hueront le maire Karl Olive, en rapport avec sa répression du mouvement lycéen, ce que les organisateurs de la manifestations auront du mal à laisser passer, le bétail leur échappant


Ce même jour, assemblée générale des GJ d’Île-de-France, 200 personnes, majoritairement des départements de la petite couronne (donc pas vraiment les GJ les plus représentatifs) à laquelle une dizaine de GJ du 78 assistent (Versailles, Rambouillet), notamment certains d’Épône. Les GJ du Mantois ne sont pas représentés à l’Assemblée des Assemblées de Commercy, organisée les 26-27 janvier
29 janvier : tractage à la gare de Mantes-la-Jolie pour préparer la grève du 5 février, appelée par les syndicats et à laquelle des GJ locaux souhaitent se joindre. Ce sont les GJ, et notamment les GJ par ailleurs syndicalistes, qui tentent de mobiliser localement pour cette initiative. Les syndicats locaux font le minimum, voire rien. Un autre tractage aura lieu aux Mureaux, le 4 février
dimanche 10 février : déménagement du camp sur un terrain agricole à Buchelay, au bord de la D110. Une nouvelle
cabane est reconstruite et plus tard un aménagement autour : terrasse, balançoire, tobogan, agora, et même un poulailler, le tout en palettes. Le terrain est privé, et donc difficilement expulsable. À moins de connaître le propriétaire, ce qui n’est pas le cas ici, il faut une décision de justice. Le camp tiendra jusqu’à l’incendie de la cabane, en septembre 2019
samedi 16 février : manifestation de 400 personnes, Acte I à Mantes-la-Jolie. Comme l’ont qualifié des militants radicaux venus de Rouen, il s’agissait d’une « nassifestation », car le cortège était encerclé constamment par les flics, de façon très oppressante. Le centre-ville était interdit, et le cortège a dû plusieurs fois s’arrêter pour négocier le parcours. Les débordements tentés (boulevard du Maréchal Juin, puis rue des Écoles), pour rejoindre le Val Fourré, ont été des échecs. Il faut dire que le dispositif policier était démesuré (140 flics pour 400 manifestants, voir photos suivantes, issues de cet article de presse, qui relate plutôt bien les événements). On comprend la peur du pouvoir (et probablement le fantasme d’une partie des GJ) : l’alliance de différentes fractions du prolétariat, les jeunes prolétaires des cités et les travailleurs précaires des périphéries péri-urbaines. Cette configuration de disproportion du dispositif policier par rapport aux effectifs réduits et à la faible détermination des manifestants, sera renouvelée lors du mouvement contre la réforme des retraites de 2019-2020, puis lors de la manifestation de soutien à Nahel, après les émeutes de 2023. Février est le moment de l’affirmation claire de tendances radicales du mouvement social dans les GJ, et la banderole «Make Proletariat Great Again» dans la manif, si elle est certainement juste et pleine d’esprit, n’a certainement eu d’utilité que de faire rigoler les quelques uns qui l’ont comprise. De plus, la présence de GJ de différentes villes de Normandie, et de militants politiques venus en tant que tels, n’est pas forcément un signe positif, car elle marque finalement l’impossibilité du mouvement à se dépasser localement
Photos suivantes : 78actu
25 février : soirée du « Grand Débat » organisée à Buchelay. Les GJ locaux sont présents en nombre. La salle est divisée en deux : d’un côté les GJ, venus pour faire entendre leur colère, et de l’autre, des citoyens pacifiés venus mettre de l’huile dans les rouages du système. Une « citoyenne » de centre-ville ne comprend pas pourquoi tout le monde ne prend pas le vélo pour aller au travail, et se fait remettre à sa place par les GJ. Les cahiers de doléances, mis en place à courant décembre, auraient été une réussite dans les communes rurales de la région, mais pas dans les villes, d’après La Gazette en Yvelines
autour de mars : opérations ouverture des barrières du stationnement payant de l’hôpital de Mantes-la-Jolie, notamment le dimanche 24 mars
6 et 13 avril : opérations anti-McDo à Limay et St Germain en Laye. D’après Révolution Permanente, certainement trop optimiste, « Envahissement et occupation de ces restaurants jusqu’à l’arrivée de la police, des chants et des tracts « McDo, paye tes impôts ! » »
22 avril : opération péage gratuit pour le lundi de Pâques, puis opération visibilité à Leroy Merlin, le tout à Buchelay
mai : sortie du journal La Pastille jaune de Mantes
5 et 7 mai : tractages aux Mureaux pour appeler à la projection du film « J’veux du soleil » de François Ruffin.
9 mai : une centaine de personnes au cinéma, avec débat animé par des GJ
11 mai : réunion au cinéma le Chaplin de Mantes organisée par Le Collectif de Défense des Jeunes du Mantois. Environ 150
personnes étaient présentes. De nombreux témoignages.
15 mai : « J’veux du soleil » est projeté à Limay par la mairie
23 mai : participation des GJ du Mantois au rassemblement en soutien à Eric Bezou, contre son licenciement
3 juin : Assemblée Générale des GJ 78 et limitrophes à Limay
5 juin : opération péage gratuit à Buchelay, entre 70 et 100 GJ présents
entre le 7 et le 13 juin : plusieurs tractages d’appel à la manif dans Mantes
samedi 15 juin : acte II «Convergence Justice fiscale, Justice sociale, Justice climatique» à Mantes-la-Jolie, déclarée et appelée par les GJ du Mantois – Collectif de défense des jeunes du Mantois – Solidaires 78 – SUD Education78 – SUD Santé-sociaux78 – Attac78Nord – CNT – AVL3C. Même si le parcours (dalle du Val Fourré – centre ville) a permis de faire le lien entre différentes luttes (violences policières, lycéens et enseignants…) certains GJ, venus de Normandie pour partie, regrettent le côté plan-plan de la manif et la longueur des prises de parole, sans action concrète. La convergence tant attendue, qui finalement préfigure l’Assemblée de lutte du Mantois, n’aura pourtant pas réellement fonctionné, car les Gilets jaunes, plutôt que d’être le signe rassembleur que tous pouvaient porter, n’a été qu’une identité de lutte parmi les autres, juxtaposée aux gilets syndicaux, à l’étendard de la lutte pour la justice des jeunes agenouillés, du climat, etc. L’alliance, très volontariste, n’a pas réussi à devenir une mayonnaise, les ingrédients étant restés immiscibles (contrairement à ce qu’en dit Révolution Permanente, qui y voit un débouché à la suite des GJ, et une manifestation du «tous ensemble»), à l’inverse de ce qui s’est passé lors du mouvement des retraites qui a suivi, où l’Assemblée de lutte, même si elle a montré de multiples limites et tensions, a tout de même permis à tous de lutter ensemble derrière un objectif commun. Une analyse plus poussée de cette action est disponible ici

18 août : opération péage gratuit à Buchelay, 60 GJ présents d’après Le Parisien. L’article évoque que «les CRS et les gendarmes ont stoppé la circulation sur l’A13 dans les deux sens», qu’une personne a été interpellée et deux GJ blessés, transportés à l’hôpital
17 septembre : d’après un article de presse du Parisien, le camp de Buchelay est le dernier camp de GJ encore en activité dans le département. De ce que nous en savons, c’est très certainement vrai, car les manifs et actions de GJ locales attirent du monde d’un peu partout, preuve qu’il n’y a plus grand chose ailleurs. L’article évoque par ailleurs un rapport de police, qui affirme que le camp est occupé en permanence, y compris de nuit. Cela est probablement vrai aussi. L’article évoque enfin les manifestations (16 février et 15 juin 2019) qui ont eu lieu à Mantes comme les seuls événements de rue des GJ dans le département. C’est faux. Il y a eu des manifestations GJ au moins à Versailles, Poissy / St Germain en Laye (voir 26 janvier) et Flins
lundi 23 septembre : incendie du campement des Gilets jaunes de Buchelay
octobre-novembre : une maison abandonnée est occupée à Épône
5 novembre : agression des GJ présents dans cette maison pendant une soirée Halloween, fin de l’occupation
27 novembre : opération péage gratuit à l’hôpital de Mantes la Jolie. Tentative de perturbation de la cérémonie d’ouverture du centre commercial Mon Beau Buchelay
1er décembre : tentative avortée d’opération péage gratuit à Buchelay
septembre-décembre : préparation de la grève du 5 décembre, initialement appelée par les syndicats de la RATP et de la SNCF. Courant novembre, à l’initiative individuelle de militants syndicaux du rail de l’éducation un appel est publié pour organiser une «Appel à une Assemblée de lutte locale contre la réforme des retraites et le système qui va avec» pour le 14 novembre, qui débouchera sur «l’appel de l’Assemblée de lutte du Mantois», signé par différentes organisations au cours du mois, et comprenant une majorité de GJ. L’histoire des GJ du Mantois continue sous une autre forme…
16 décembre 2019 : à Rosny sur Seine, réunion salle Duchesse Berry, pour fédérer et expliquer aux Rosnéens le mouvement GJ et sortir de la propagande télévisuelle. Une quinzaine de personne donc un élu municipal, M. Lucas, proche de M. Dolinski, élu à la sécurité à Rosny / Seine. L’objectif était de connaitre les intensions des GJ sur une éventuelle liste municipale d’opposition
2020
mai 2020 : chaîne humaine contre les violences policières au Val Fourré, après un appel issu d’organisations de lutte contre les violences policières, au moment du déconfinement. Cette action, sans coordination avec les habitants de la cité et sans ancrage militant concret, a fait débat au sein des Gilets jaunes locaux et de l’Assemblée de lutte
Sources : presse locale (le Courrier de Mantes et 78 actu, Mantes actu, la Gazette en Yvelines, Le Parisien), la presse militante, et des témoignages et notes personnelles